Nous pensons que créer un graphe social unifié, accessible à tous et décentralisé est la première étape pour replacer l’Internet entre les mains de la société. Construisons-le ensemble.
Frank H. McCourt, Jr.
Chairman & CEO, Unfinished
Braxton Woodham
President, Unfinished Labs
Comme beaucoup, nous avons observé avec désespoir la technologie censée offrir les mêmes opportunités à tous et nous rassembler en tant que société devenir l’un des principaux facteurs de polarisation, de division et d’inégalités marquées.
Nous avions tous les deux passé des années à travailler sur cette question chacun de notre côté. Nous venons d’univers très différents : l’un est un entrepreneur commercial et civique qui développe des « social impact network » et des infrastructures physiques, l’autre crée des start-ups technologiques et des logiciels pour réseaux sociaux. Nous savons tous les deux d’expérience tout le travail, la patience, la vision et l’engagement à long terme nécessaires pour créer une infrastructure pérenne. Lors d’un événement organisé sur Liberty Island, nous avons décidé de construire ensemble une nouvelle grande infrastructure publique.
Nous avons axé notre travail sur une question : Serait-il possible de transformer la technologie pour qu’elle nous permette à nouveau de développer à grande échelle les relations de confiance qui sont à la base des sociétés, des économies et des démocraties saines ? Dès le début, nous sommes convenus que pour résoudre l’un des problèmes les plus profonds de notre époque, il ne suffirait pas de créer une nouvelle version des modèles fermés existants. Nous avions besoin d’un modèle totalement nouveau, audacieux, construit par un collectif international de penseurs et de créateurs divers venant de plusieurs disciplines. Nous devions trouver un moyen d’intégrer nos valeurs dans la technologie centrale, le protocole lui-même, afin de protéger les utilisateurs. Il nous fallait surtout un modèle ouvert.
Nous avons identifié ce qui pourrait constituer un tel modèle à un endroit plutôt inattendu : le concept au cœur du réseau social lui-même, appelé « graphe social ». Le terme « graphe social » n’est pas très connu en dehors de la technologiques d’Internet. Il s’agit d’une représentation numérique de toutes les relations entre les membres d’un réseau social. Lorsque nous utilisons un réseau social, comme 60 % de la population mondiale, toutes nos connections, échanges, transactions et contributions passent par ce circuit en ligne incontournable. C’est pourquoi le graphe social a une très grande emprise sur nous.
Pourtant, les plus grands réseaux sociaux sont détenus et contrôlés par de puissantes entreprises privées, et chacun d’entre eux est construit sur son propre graphe social propriétaire. Dans ce système fragmenté, les entreprises régulent nos relations, traquent nos déplacements et nos interactions, et déterminent quelles informations nous voyons, amplifiant la division et la polarisation qui empoisonnent notre monde. Il est devenu de plus en plus évident que ces modèles anciens ne remplissent plus leur mission et engendrent chaque jour davantage de dégâts. La société ne peut plus fonctionner avec des modèles qui reposent sur des graphes sociaux privés qui privilégient les bénéfices privés plutôt que le bien-être de la société.
Pour provoquer un changement à grande échelle, il faudra créer un protocole alternatif en open source basé sur la transparence, l’inclusion économique, la confiance et les retombées pour la société. C’est ainsi que fin 2019, peu de temps après avoir pris ce premier engagement sur Liberty Island, nous avons constitué une équipe et avons commencé à le développer. Aujourd’hui, nous dévoilons la première phase de notre travail sous le nom du projet Liberty, qui sera bientôt suivie par la sortie du code en open source et d’un appel pour inviter de nouvelles personnes à nous rejoindre pour apprendre et construire ensemble.
Se rapproprier le graphe social pour le bien commun est l’une des plus grandes opportunités de notre époque.
Nous avons maintenant la possibilité de nous rapproprier le graphe social au profit de ceux qui l’utilisent, pour reprendre le contrôle de nos relations numériques des mains de quelques entreprises et en faire une partie de l’Internet lui-même, au service du bien commun. La propriété et le contrôle des données seront restitués aux personnes auxquelles elles appartiennent.
Imaginez : Un graphe social unifié et universellement accessible qui n’est détenu par aucune organisation, mais qui appartient à chacun d’entre-nous. Il sera ouvert et transparent, plutôt que fermé et opaque comme le sont les graphes sociaux aujourd’hui. Il nous permettra de contrôler nos propres données, ce que nous choisissons de garder privé et ce que nous choisissons de partager. Il générera de la valeur économique pour les utilisateurs plutôt que de profiter d’eux pour en créer. Il nous permettra de profiter directement de la valeur générée par notre propre réseau. Il garantira que nous interagissons bien avec de vraies personnes et il érigera des barrières contre les bots, les faux profils et les personnes malveillantes. En tant qu’infrastructure partagée, ce nouveau graphe social abattra les barrières pour toutes sortes d’entrepreneurs et d’innovateurs sociaux, ouvrant le marché à de nouvelles applications, business models et algorithmes, mais il sera régi par des normes plus élevées pour servir la société avec les actionnaires. Ce nouveau graphe social nous donnera la capacité d’avoir un impact social à grande échelle, une infrastructure publique partagée et décentralisée qui favorisera la santé économique et sociale.
Une approche différente
Notre équipe n’est pas la première à explorer le concept de réseau social décentralisé, mais nous pensons que notre approche se distincte par la combinaison de ces quatre éléments :
- Le protocole est conçu pour être un bien public. Pour devenir un bien public universellement accessible, le graphe social doit s’émanciper des gains commerciaux ou spéculatifs au niveau du protocole. Ainsi, bien que notre approche repose sur des blockchains publiques, elle n’introduit pas de nouveau token pour interagir avec le graphe social. Bien qu’il puisse exister des modèles token-based au niveau de la couche application, nous pensons qu’un token sur la couche de protocole pourrait créer des frictions et réduire l’égalité d’accès au fil du temps.
- Nous ne nous appuyons pas sur les modèles commerciaux traditionnels de capital-risque. Les modèles technologiques traditionnels axés sur le capital-risque ont une place importante dans notre économie, mais l’accent mis sur les intérêts à court terme va à l’encontre du développement et de l’adoption généralisée d’un graphe social décentralisé, unifié et universellement accessible. Nous avons préféré fonder le projet Liberty avec la condition que cette technologie de base reste un bien commun, sans attente ni besoin de retour financier. Le protocole sera offert à l’humanité. Bien sûr, pour que le protocole soit un succès, les entrepreneurs doivent être prêts à investir pour innover et participer à un nouvel écosystème. Voyez le protocole comme une route que l’on construirait dans une zone non développée. La route ne rapporte rien elle-même, mais elle pourrait catalyser l’accès à une économie florissante construite grâce et en parallèle à cet investissement initial dans les infrastructures. Nous travaillons à la construction de la route, mais nous espérons également découvrir plus tard certains de ces business models qui peuvent soutenir des activités durables. Toutefois, étant donné que le protocole sera en open source, la route pourra être empruntée gratuitement par tous ; notre équipe n’aura aucun avantage par rapport aux autres développeurs.
- Nous plaçons les personnes au cœur de la conception du protocole. Le design du protocole sera centré sur les personnes et sur la façon dont elles veulent et doivent interagir avec les autres afin de construire et profiter de relations de confiance. Cela signifie que nous intégrons des garde-fous au protocole afin de protéger les utilisateurs et leurs données, ainsi que pour exiger l’authentification des utilisateurs et du contenu. Nous avons vu beaucoup de travaux s’appuyer sur la couche application pour assurer la protection des utilisateurs, mais ces efforts sont trop souvent compromis en raison des concessions faites pour s’aligner sur les intérêts des actionnaires. Nous développons le protocole en nous engageant à fournir à tous les utilisateurs un contrôle total sur l’utilisation de leurs données, de leur réseau de relations et de leur identité, y compris sur la façon dont ils sont représentés sur la blockchain. Nous pensons qu’il s’agit là d’une approche unique pour décentraliser le graphe social. Celle-ci est possible, car nous avons décidé que le protocole lui-même ne serait pas monétisé ni tenu de produire des rendements financiers.
- Bien que notre vision soit audacieuse, nous nous concentrons sur des innovations réalisables. Par nature, un graphe social est le tissu fait de diverses connexions : Il réunit de nombreuses fonctionnalités technologiques que nous utilisons aujourd’hui, de la messagerie directe aux forums, en passant par la cartographie et la vidéo. Un graphe social unifié et décentralisé est donc parfaitement adapté pour accueillir le formidable travail de nombreuses équipes qui développent déjà des solutions innovantes, et nous cherchons à travailler avec un large éventail de leaders. Grâce à cette approche, bien que cette aventure soit ambitieuse, nous pouvons compter sur l’innovation et la participation de nombreuses personnes.
Nous espérons que vous aurez envie de nous rejoindre
Ce projet va bien plus loin que la création d’un nouveau protocole Internet. Il cherche à contribuer à un plus large mouvement de bâtisseurs et de créateurs qui joignent leurs forces pour agir avec audace à un moment charnière.
Citoyens, institutions, gouvernements et pays, la pandémie mondiale nous a tous affectés d’une manière que nous n’avions jamais imaginée. Comme aucun autre phénomène dans notre histoire, elle a mis à nu les larges vulnérabilités structurelles et les inégalités de nos sociétés. En outre, des acteurs malveillants manipulent les plateformes actuelles pour accélérer l’érosion de la confiance et affaiblir nos institutions. Nous allons avoir un choix à faire : allons-nous continuer à détourner le regard accepter le statu quo ? Ou allons-nous travailler dur, ensemble, pour changer la technologie et créer des structures et des systèmes génératifs et durables qui feront émerger de réelles opportunités dont tout le monde pourra profiter ? Nous pensons que la création de cette nouvelle technologie pour porter des réseaux de confiance à grande échelle est une étape cruciale.
Nous ne pouvons pas réaliser cet important travail seuls. Ce projet ne pourra révéler tout son potentiel que grâce aux efforts cumulés des nombreuses communautés, développeurs, leaders d’opinion et acteurs du changement prêts à se rapproprier un nouvel ordre sur l’Internet. Nous avons aujourd’hui l’occasion de dire non aux modèles fermés qui amplifient la peur, la division et les inégalités, et de choisir un modèle ouvert qui offre une lueur de liberté et un réel espoir pour un avenir meilleur. Nous vous invitons à vous joindre à nous pour bâtir ce qui pourrait devenir l’une des plus importantes améliorations d’infrastructure publique de notre temps.